Mesdames et Messieurs les Ministres,
Excellences,
Chers collègues et partenaires,
C'est un honneur de prendre la parole devant cette assemblée, et je voudrais tout d'abord exprimer ma gratitude à Madame la Ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la famille et à ses équipes, ainsi qu’aux Ministères partenaires, pour l'organisation de cette rencontre.
L’économie de soin à autrui est un concept à la croisée de nombreux enjeux de développement, et ce concept est central à l’heure où la lutte contre les vulnérabilités face aux chocs économiques et à la crise climatique, est au cœur des préoccupations.
L’économie de soins à autrui englobe toutes les activités, formelles et informelles, rémunérées ou non, de soins physiques, psychologiques et sociaux pour les individus, les familles et les communautés. La protection sociale, que le Maroc est en train de généraliser aux moyens d’une réforme historique, renvoie à l’ensemble des mécanismes de prévoyance collective permettant de faire face aux conséquences financières du cycle de vie et des risques sociaux.
Or, la société marocaine est en transition démographique et épidémiologique. L’économie marocaine est en transformation structurelle. Pour cela, l’économie de soin au Maroc est également en mutation. Tandis que les mécanismes de protection sociale sont en cours de généralisation, de large pans de l’économie de soins demeurent informels et non rémunérés.
A la croisée de ces deux concepts, il y a avant tout un principe : l’économie de soin passe avant tout par le renforcement des acteurs et des structures communautaires. De la même façon que les meilleures politiques de santé sont celles qui préviennent et évitent les maladies, la meilleure protection sociale est d’abord l’inclusion sociale. Des individus, des familles et des communautés résilientes sont le premier rempart contre les effets préjudiciables des risques sociaux.
Au-delà des mécanismes de protection sociale et de leur financement, il y a aussi des femmes et des hommes, dans les familles et les foyers, qui fournissent quotidiennement des soins à autrui.
L’une des grandes questions de ce congrès est de réfléchir ensemble à un modèle de complémentarité et de soutenabilité entre les services publics et privés de protection sociale, et la solidarité familiale et communautaire, qui est le socle de la société marocaine.
Dès lors, la question qui se pose est de permettre aux individus, aux familles et aux communautés de prodiguer les soins nécessaires de manière équitable et économiquement soutenable, en cohérence avec les mécanismes de protection sociale.
Il ne s’agit pas de remplacer la solidarité de la famille et de la communauté par une externalisation des services publics et privés, mais de penser un système cohérent de complémentarité, de continuité et de soutenabilité entre les deux approches.
Je souhaite proposer trois points essentiels à aborder lors de ce congrès :
Premièrement, la disponibilité d’un nombre suffisant de travailleurs formés, soutenus et protégés est une condition préalable et fondamentale à l’accès à des services de soins et de santé de qualité. La formalisation et la valorisation des emplois doit être encouragée et accélérée pour faire face à une demande toujours croissante. La structuration d'une offre adaptée à la demande permet de développer un marché organisé pour les soins de santé, capable d'absorber les emplois nouvellement créés.
Deuxièmement, créer des emplois décents dans l’économie de soins revient à lutter contre les inégalités de genre et favoriser la participation des femmes au marché du travail. Aujourd’hui, à l’échelle globale, 75% des activités de soins sont fournis par des femmes non rémunérées, issues le plus souvent de milieux sociaux parmi les plus précaires. Ces activités ont une valeur économique sous-estimées et une charge de responsabilité inéquitable. Il s’agit de rémunérer un travail et de redistribuer une responsabilité entre les hommes et les femmes, de façon juste et équitable.
Troisième et dernier point : construire cette vision implique une convergence entre une grande diversité d’acteurs. Seule une approche multisectorielle, plaçant les bénéficiaires au cœur du dispositif, et incluant le spectre des intervenants, des travailleurs sociaux, des personnels de santé aux partenaires techniques et financiers, est en mesure de répondre à ce défi. Nous sommes heureux de les voir tous réunis aujourd’hui.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
La contribution de toutes et tous est nécessaire pour construire, ensemble, une société où chacun, à chaque étape de sa vie, reçoit l’attention et le soutien dont il a besoin, tout en contribuant au bien-être collectif, pour une société plus résiliente, capables de faire face aux défis actuels et futurs.