Allocution de Mme. Sylvia-Lopez Ekra à l'occasion de table ronde "Après la COP26, quelle voie pour le Maroc et ses jeunes vers la transition écologique ?"
Mot de la Coordonnatrice Résidente du Systèmes des Nations Unies pour le Développement au Maroc
· Excellence, mes chers amis les Ambassadeurs du Royaume Uni et d’Italie,
· Mesdames et Messieurs représentants des différents Ministères. Départements et institutions
· Monsieur le Directeur du British Council au Maroc,
· Excellences, membres du corps diplomatiques
· Mes chers Collègues des agences des Nations Unies
· Chers Jeunes,
· Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un réel plaisir de vous accueillir au nom du Système des Nations Unies pour le Développement au Maroc, à cette table ronde, par laquelle nous clôturons une très belle aventure, qui a débuté au cœur de l’été, avec nos partenaires de l’ambassade du Royaume Uni, l’ambassade d’Italie et la British Council, que je remercie tous vivement.
En effet, depuis le mois de juillet, nous avons fait le pari d’être aux côtés de la jeunesse marocaine, au moment où celle-ci se préparait pour la COP26 et de leur offrir non seulement notre soutien, mais aussi nos plateformes et notre influence.
C’est ainsi que tour à tour, la British Council, l’ambassade du Royaume Uni, l’ambassade d’Italie et maintenant les Nations Unies, avons conjointement organisé plusieurs activités pour et avec les jeunes, à chaque fois avec l’ambition d’amplifier leur voix et de les placer au cœur des débats de la COP26.
A chaque fois nous avons été frappés par l’engagement et l’expertise des jeunes marocains et marocaines, en matière de climat. A chaque rencontre, nous avons perçu le même mélange d’anxiété face à un avenir déjà compromis, de frustration mais aussi de passion et de détermination.
A chaque étape, il a été de plus en plus clair que le terminus du voyage vers Milan, puis Glasgow se terminerait nécessairement ici à Rabat, pour boucler la boucle, car c’est ici qu’il nous faudra donner vie aux engagements pris. La COP26 vient de prendre fin mais le vrai travail commence.
Alors aujourd’hui cette table ronde est l’occasion pour nous de digérer ensemble ce qui a été convenu à Glasgow et d’engager une conversation sur ce que cela signifie pour nous tous à l’avenir.
Certes les textes approuvés sont un compromis, ce qui reflète la divergence des intérêts et l’état de la volonté politique dans le monde d’aujourd’hui - une volonté politique collective qui n’a pas suffi à surmonter certaines contradictions profondes.
Nous le savons tous, les négociations autour d’un sujet aussi complexe que le changement climatique sont difficiles. Parvenir à des accords encore plus. Et cette COP a démontré de nouveau l’immense difficulté à arriver à un consensus, malgré l’évidence des constats scientifiques et la volonté de l’ONU, de plusieurs Etats membres, de la société civile internationale ainsi que des activistes du monde entier, à agir pour placer la planète sur une trajectoire climatique plus viable.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que la COP26 a permis des avancées importantes, et je tiens à saluer la Présidence britannique pour sa résilience, ainsi que le Maroc pour sa participation à haut niveau et avec des ambitions élevées.
Un succès important a été la question de l’adaptation qui a été au centre de cette COP. Et les textes adoptés reconnaissent désormais à quel point l’adaptation est importante alors que pendant si longtemps, l’accent a été mis uniquement sur l’atténuation. L’atténuation, bien sûr, reste centrale, cependant grâce à cette COP, l’adaptation ne sera plus un sujet « secondaire », mais bel et bien un sujet d’égale importance.
Il y a aussi eu d’importants engagements pris pour mettre fin à la déforestation, réduire drastiquement les émissions de méthane, stimuler le financement climatique, renforcer le soutien aux pays vulnérables qui souffrent de dommages climatiques irréparables et bien évidemment l’objectif de 1,5 degré qui a été réaffirmé à Glasgow.
Ce sont des mesures bienvenues, mais elles ne suffisent pas. « La catastrophe climatique frappe toujours à notre porte », comme l’a déploré le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, tout juste après l’adoption du « Glasgow Climate Pact ».
La science nous dit que la priorité absolue doit être des réductions d’émissions rapides, profondes et durables au cours de cette décennie. Plus précisément, une réduction de 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010. Mais l’ensemble actuel de contributions déterminées au niveau national - même si elles venaient à être toutes pleinement mises en œuvre – nous mènent vers une augmentation des émissions et sur une trajectoire vers plus de 2 degrés d’ici la fin du siècle par rapport aux niveaux pré-industriels.
Et je tiens ici à féliciter le Maroc qui a fait non seulement preuve d’un leadership remarquable en matière d'action climatique depuis de nombreuses années et qui fait partie des rares pays à avoir une CDN compatible avec l’objectif d’un réchauffement maximal de 1,5°C, sur la base de sa part équitable
Mesdames et Messieurs,
Il nous faut donc retrousser nos manches pour ce qui s’annonce être un combat. Un combat pour le climat, pour la protection de la biodiversité, un combat pour notre survie et la survie de notre planète.
Ce combat va être porté par les jeunes. Ces jeunes qui nous ont démontré à travers leur engagement et leur activisme, leur volonté et leur capacité, à être non seulement acteurs, mais leaders.
Ces jeunes qui réclament une place à la table pour pouvoir assurer leur avenir, notre avenir.
Si rien ne change, selon certaines études, ils seront confrontés à sept fois plus de vagues de chaleur, 2,6 fois plus de sécheresses et trois fois plus de mauvaises récoltes que leurs grands-parents. C’est la raison pour laquelle il était important que l’équité intergénérationnelle soit mentionnée dans le texte final de la COP26. C’est chose faite, nous l’avons promis, maintenant nous nous devons de la matérialiser pour et avec nos jeunes.
Mesdames et Messieurs,
La jeunesse Marocaine s’inscrit dans cette lignée qui n’attends pas des solutions toutes prêtes mais les créé elle-même et va de l’avant en traçant son propre chemin avec courage, force et ingéniosité.
Nos jeunes veulent plus que des occasions symboliques de faire entendre leur voix – ils veulent des occasions d’influencer et d’agir. Et agir ils le font déjà, à travers des actions concrètes que ce soit en tant qu’activistes ou jeunes entrepreneurs.
Le Système des Nations Unies est fier de ces jeunes qui ont dignement représenté le Maroc à Milan puis à Glasgow. Deux d’entre eux sont parmi nous et vont partager avec nous leurs retours, leurs sentiments après ces mois intenses et elles nous diront aujourd’hui ce qu’elles envisagent pour la suite et le rôle que nous devons tous jouer.
Nous sommes tout aussi fiers, des dizaines d’initiatives portées par des jeunes marocains et marocaines, qui prennent à bras le corps le défi climatique et environnemental, et qui contribuent à la réalisation des Objectifs de Développement Durable au Maroc.
Quelques-unes seront mises à l’honneur durant cette table ronde et à travers la campagne digitale que nous lançons aujourd’hui.
Nous allons les écouter, apprendre de leurs expériences et des défis qu’ils ont relevé, mais aussi je l’espère toutes et tous, nous engager à les appuyer afin qu’ils puissent aller au bout de leurs ambitions et à travers l’impact qu’ils ont au sein de la société, continuer de démontrer que la jeunesse Marocaine est, et a toujours été capable de mener le changement.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de terminer mon propos en soulignant que l’engagement de la jeunesse, associé à une convergence des actions des pouvoirs publics, de la société civile, du secteur privé et de tous les acteurs du développement est ce dont nous avons besoin pour accélérer la cadence.
Je finis en renouvelant l’engagement du SNU au Maroc, fort de ces 25 agences, fonds et programmes, de continuer et de renforcer notre collaboration en matière climatique, avec tous nos partenaires.
Il n’y a pas de plan B, ni de planète B. La COP 27, une COP africaine qui plus est commence maintenant.
Je vous remercie de votre attention