António Guterres prône la création d’une coalition mondiale pour la neutralité carbone d’ici 2050
"Nous nous protégeons mieux lorsque nous protégeons tout le monde "
« Cette année, l'objectif central des Nations Unies est de mettre en place une coalition mondiale pour la neutralité carbone d'ici le milieu du siècle », a déclaré M. Guterres.
« Pour parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2050, nous devons passer d'urgence des combustibles fossiles aux énergies renouvelables. Et nous devons tout particulièrement soutenir les pays en développement dans cette transition », a-t-il ajouté.
S’exprimant dans le cadre de cette table ronde virtuelle tenue à Londres à la suite du One Planet Summit pour la biodiversité, le chef de l’ONU a fait valoir que l'année à venir allait être cruciale, non seulement pour vaincre la pandémie de Covid-19, mais aussi pour relever le défi climatique.
António Guterres s’est félicité de la discussion d'aujourd'hui et de l'accent mis sur l'Afrique en rappelant la nécessité de mettre l’accent sur l’inclusion et sur la durabilité.
« Quelque 789 millions de personnes dans le monde en développement n'ont pas du tout accès à l'électricité », a-t-il déploré. « Les trois quarts de ces personnes vivent en Afrique subsaharienne. C'est à la fois une injustice et un obstacle au développement durable ».
Estimant que toutes les nations doivent être en mesure d'assurer l'accès à l'électricité pour tous, le Secrétaire général a toutefois insisté sur le fait que cette énergie doit être propre et renouvelable, afin qu'elle ne contribue pas au réchauffement dangereux de la planète.
Selon lui, cela implique un engagement fort de la part de tous les gouvernements. Il importe aussi de mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles, mettre un prix sur le carbone et déplacer la taxation des personnes vers la pollution. De plus, les pays doivent s’engager à ne plus construire de centrales électriques au charbon.
« Nous avons besoin d'un soutien international adéquat pour que les économies africaines et celles des autres pays en développement puissent passer d'un développement polluant et d'une transition vers une énergie propre et durable », a insisté le chef de l’ONU.
100 milliards de dollars par an pour l’atténuation et l’adaptation
« Je réitère mon appel aux pays développés pour qu'ils tiennent leur promesse de longue date de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement pour soutenir à la fois l'atténuation et l'adaptation », a insisté António Guterres.
Selon lui, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et les banques nationales de développement doivent mettre au point des instruments financiers capables de réduire les risques d'investissement et d'attirer des capitaux privés vers les pays africains.
Le Secrétaire général a également souligné, alors que le dérèglement climatique est déjà en cours, l'importance vitale de l'adaptation.
« La vulnérabilité de l'Afrique est évidente, des sécheresses prolongées au Sahel et dans la Corne de l'Afrique aux inondations dévastatrices en Afrique australe, comme c'est le cas dans de nombreuses autres régions du monde », a-t-il insisté. « L'adaptation est un impératif moral. Elle ne doit pas être la composante oubliée de l'action en faveur du climat ».
Or, force est de constater que de nos jours, seuls 20 % des financements consacrés au climat sont destinés à l'adaptation. D’où l’opportunité que représente la tenue du Sommet sur l'adaptation au climat, qui se tiendra le 25 janvier, pour créer une dynamique dans ce domaine très négligé.
Des énergies renouvelables abordables pour tous
« Nous devons investir dans un avenir d'énergies renouvelables abordables pour tous, partout », a dit le Secrétaire général.
Alors que d’énormes sommes d'argent ont été allouées aux mesures de relance post-Covid, force est de constater que les investissements durables ne sont toujours pas prioritaires.
Aussi, pour António Guterres, des fonds doivent être consacrés aux énergies renouvelables, aux programmes de transition équitable, aux plans de diversification économique, aux obligations vertes et à d'autres instruments qui font progresser la durabilité.
Il a rappelé que pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, les émissions doivent diminuer de 7,6% chaque année d'ici 2030.
Le Secrétaire général a jugé essentiel que tous les flux financiers publics et privés soutiennent les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat et du Programme de développement durable à l'horizon 2030.
D’où son « appel particulier aux champions des énergies renouvelables du secteur privé », afin de bénéficier de « leur savoir-faire et de leur créativité pour accélérer la transition vers les énergies renouvelables ».
« Nous avons la possibilité de transformer notre monde. Mais pour y parvenir, nous avons besoin d'une solidarité mondiale, tout comme nous en avons besoin pour réussir la reprise après la Covid-19 », a déclaré António Guterres, en insistant sur la place de l’Afrique qui doit être au centre de cet engagement.
« Dans une crise mondiale, nous nous protégeons mieux lorsque nous protégeons tout le monde. Nous avons les outils nécessaires. Débloquons-les avec une volonté politique », a-t-il conclu.