Les agences du système des Nations Unies au Maroc, UNFPA, UNICEF et ONU FEMMES, en collaboration avec l’Ambassade de Belgique au Maroc, ont organisé une table ronde autour du mariage d’enfants, afin de renforcer le plaidoyer et l’engagement pour y mettre fin.
Cette table ronde a réuni plusieurs parties prenantes : le Conseil Economique Social et Environnemental, le Ministère Public et des organismes de la société civile interviendront sur l’état des lieux et les actions de plaidoyer et de sensibilisation mises en œuvre sur le terrain pour éliminer cette pratique, qui menace l’intérêt supérieur de l’enfant. La parole a été également donnée aux filles, qui représentent 94,8% du total des unions impliquant des mineur-e-s au Maroc[1].
La décennie qui a suivi l’adoption du Code de la Famille a connu une multiplication par deux des mariages en dessous de l’âge légal, passant de 7% en 2004 à près de 12% en 2013[2]. Cette tendance s’est confirmée même plusieurs années plus tard puisque 32104 demandes de mariage d’enfants ont été déposées en 2018. La majorité de ces demandes ont été acceptées à hauteur de 85% sur la période 2011-2018[3].
Les données de l’Enquête Nationale sur la Population et la Santé Familiale en 2018 montrent également que 2,7% de l’ensemble des femmes enquêtées ont été mariées avant l’âge de 15 ans et que le taux de fécondité des femmes âgées entre 15 et 19 ans avoisine 19,4 pour 1.000.
Le mariage d’enfants prive souvent et surtout les filles de leur droit à l’éducation. Il conduit à des grossesses précoces, parfois multiples, les exposant à des risques d’altération de leur santé. Bien que les conséquences multiples du mariage d’enfants soient de mieux en mieux connues, le gap de données probantes reste important et limite une connaissance approfondie sur l’impact du phénomène, notamment sur l’interruption des études, la perte de revenus, les coûts sur les systèmes de soins de santé, la croissance globale et la persistance de la pauvreté.
Alors que le monde célèbre le 30ème anniversaire de la Convention des Droits de l’enfant, l’initiative conjointe a lancé un appel pour répondre à l’engagement international contre cette pratique néfaste, qui a été renouvelé dans l’Agenda de développement durable 2030, et au Sommet mondial de Nairobi sur la CIPD25.
Cette rencontre a été aussi l’occasion de promouvoir auprès des acteurs concernés une intervention intégrée et efficace en vue de mettre fin à cette menace contre l’intégrité physique et psychologique aux dépens des mineur-e-s d’âge, en adoptant une approche multisectorielle des politiques publiques.
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[1] Avis du CESE, Que faire, face à la persistance du mariage d’enfants au Maroc ? septembre 2019
[1] Recensement Général de la Population, HCP, 2014
[1] Ministère de la Justice, Audition du CESE pour l’élaboration de son Avis sur le mariage des mineur-e-s