Discours de la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies, Madame Nathalie Fustier Mercredi 4 octobre 2023 – Hôtel Marriott, Rabat
Rencontre de dissémination des résultats de l’examen des rapports nationaux du Royaume du Maroc par les mécanismes onusiens des droits de l’Homme
Monsieur le Ministre,
Monsieur le SG de la DIDH,
Monsieur le SG du CNDH,
Madame l’Ambassadrice de l’Union Européenne,
Excellences, membres du corps diplomatique,
Chers collègues des agences de coopération et des agences des Nations Unies,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de commencer par exprimer mes sincères condoléances pour la disparition du Délégué Interministériel Aux Droits de l’Homme, le regretté M. Ahmed Chowqi.
Mesdames et Messieurs,
« Les droits humains constituent le fondement de la dignité humaine et la pierre angulaire de sociétés pacifiques, inclusives, justes, égales et prospères » Ces paroles sont celles de M. António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, prononcée l’année dernière, à l’occasion de la Journée des Droits de l’Homme.
Adoptée en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est bien plus qu'un ensemble de mots sur du papier.
Elle incarne l'idée que chaque être humain, quelle que soit sa nationalité, sa race, sa religion ou son sexe, possède des droits fondamentaux inaliénables.
Elle exprime l'aspiration d'une humanité unie dans la recherche de la dignité, de l'égalité et de la justice pour tous.
Elle représente une idée simple, un horizon qui doit guider nos pas, nos décisions et nos politiques : l’humanité mérite mieux.
Il faut nous souvenir que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a été conçue à la fin d’une époque où le monde avait été témoin des horreurs indicibles de la Seconde Guerre mondiale. Et l’organisation chargée de la promouvoir, l’ONU, porte la marque de ce temps-là.
Aujourd’hui, le monde est confronté à des crises multiples et existentielles, qui effacent une décennie de progrès en matière de lutte contre la pauvreté, qui fragilisent les plus vulnérables d’entre nous et qui menacent l’avenir de la planète et de ses habitants.
Depuis près de vingt ans, le Maroc a réalisé des progrès considérables en termes de droits sociaux et économiques.
L’accès à la santé et à l’éducation ont connu des progrès remarquables. La mortalité néonatale est passé de 28 pour 1000 naissances vivantes à 11 en 2020[1]. L’accès au primaire a été généralisé depuis 2012.
Cependant, alors que le Maroc n’a jamais été aussi riche, les inégalités, comme dans beaucoup d’autres pays, se creusent.
La pandémie de Covid-19 a effacé au moins sept années d’efforts de lutte contre la pauvreté[2].
Le séisme d’al Haouz a dévoilé les fragilités des populations les plus susceptibles d’être laissées pour compte, dans les provinces les plus reculées du Royaume.
L’inclusion sociale, par l’emploi notamment, demeure un défi quotidien pour une part considérable de jeunes et de femmes marocaines.
Le Gouvernement du Maroc en a pleinement pris la mesure.
Le Nouveau Modèle de Développement est un document de planification stratégique à horizon 2035 qui comporte toutes les orientations en mesure de répondre aux exigences de développement humain et durable.
L’impulsion récente donné par Sa Majesté le Roi à la réforme du Code de la famille, afin qu’il soit en adéquation avec les principes universels énoncés dans les conventions internationales ratifiées par le Maroc, est un motif d’optimisme supplémentaire, dans ces grands chantiers de développement en cours.
Mesdames et Messieurs,
Le droit international contemporain, dont la Déclaration Universelle Des Droits de l’Homme est la source, n’est pas une réponse parmi d’autres.
Le droit international est la seule réponse possible qui soit fondée sur l’exigence de justice et de respect de la dignité humaine, et conçue par des mécanismes multilatéraux, inclusifs au sein des pays et parmi eux.
Et c’est la discussion autour de l’un de ses principaux mécanismes qui nous réunit aujourd’hui.
Cette année, nous célébrons le 75e anniversaire de la Déclaration. Cette initiative invite les États à renouveler leur engagement à défendre les Droits humains dans leur indivisibilité, mais en mettant à l’honneur une thématique de leur choix.
Le Maroc coopère activement avec les mécanismes des droits humains de l'ONU.
En tant que dialogue interactif entre les États membres, l’Examen périodique universel offre à tous les États l'occasion de mettre en lumière les avancées réalisées en matière de droits humains dans leur pays.
En 2022, le Maroc a achevé avec succès son quatrième cycle d'Examen Périodique Universel (EPU) au cours duquel il a reçu 306 recommandations, dont il en a soutenu 232. Le Maroc a également montré son soutien aux organes conventionnels, en nommant de nombreux experts de grande qualité pour y siéger.
Quant aux quatre rapports en attente de réception vis-à-vis des organes conventionnels, ils représentent autant d’opportunités de collaboration avec l’équipe pays des Nations Unies au Maroc et les mécanismes onusien des droits humains.
Le Cadre de coopération du Système des Nations Unies, signé avec le Gouvernement du Maroc en mars dernier, nous permet de travailler ensemble sur ce sujet. L’un des axes stratégiques de ce Cadre consiste précisément à appuyer les partenaires nationaux dans l’harmonisation des cadres juridiques avec la constitution et les engagements contractés par le Maroc. Cet axe concerne la totalité des agences actives au Maroc.
Quant aux mécanismes onusiens, ils détiennent collectivement une expertise qui est un bien commun mondial. Ils disséminent des expériences nationales et génèrent des recommandations à l’usage de tous.
Notre travail en tant qu’équipe pays, avec le soutien de nos partenaires techniques et financiers tels que l’Union Européenne, consiste à accompagner le Gouvernement marocain dans la mise en œuvre de ses politiques en faveur du développement humain et durables, en mobilisant l’expertise et l’expérience là où elle se trouve, mais également à mettre en valeur celle du Maroc partout où elle est utile.
Permettez-moi enfin de conclure comme j’ai commencé, en citant un autre secrétaire général, cette fois Kofi Annan, qui a prononcé les mots suivants :
« Plus que jamais dans l'histoire de l'humanité, nous partageons un destin commun. Nous ne pouvons le maîtriser que si nous le confrontons ensemble. Et c'est précisément pour cette raison, mes amis, que nous avons les Nations Unies. »
[1] Données Banque Mondiale
[2] Source : déclaration de Lahlimi, HCP : https://fr.le360.ma/societe/hcp-115-million-de-personnes-supplementaires-ont-bascule-dans-la-pauvrete-a-cause-du-covid-19-et-de-268494/