Je suis de la Génération Égalité : Bouchra Karboub Inspectrice de Police et arbitre de football
Je suis heureuse d’avoir pu réaliser mon rêve d’enfant tout en construisant, en parallèle, ma carrière d’arbitre.
J’ai toujours rêvé d’être arbitre de football mais c’est un rêve qui a été difficile à réaliser : je suis originaire d’une petite ville conservatrice, il était donc délicat pour ma famille d’accepter le fait que je veuille m’orienter vers un métier sportif. Heureusement que les choses ont pu changer entretemps et à 33 ans, me voilà Inspectrice de Police à la Direction Préfectorale de la Police Judiciaire de la Préfecture de Police de Meknès, arbitre internationale de football et également mère d’une jeune fille !
J’ai été élevée dans un milieu patriarcal avec des grands frères qui n’acceptaient pas de me voir habillée en short en train de pratiquer du sport. Pour eux, le football était réservé aux hommes exclusivement. Cependant, ma mère, qui a cru en moi dès l’enfance, acceptait, en secret, de me laisser sortir jouer au football avec nos voisins.
Le rêve de devenir policière m’a accompagnée durant toute mon enfance. Quand on me posait la question habituelle pour savoir quel métier je souhaiterais exercer plus grande, ma réponse a toujours été « Je veux devenir une policière ». Je suis heureuse d’avoir pu réaliser mon rêve d’enfant tout en construisant, en parallèle, ma carrière d’arbitre.
Trouver l’équilibre entre mon travail d’Inspectrice et celui d’arbitre de football n’est pas toujours évident. Heureusement, j’ai beaucoup de chance puisque ma hiérarchie et mes collègues m’apportent le soutien moral nécessaire pour arriver là où j’en suis aujourd’hui. En effet, la Direction Générale de la Sûreté Nationale, encourage ses fonctionnaires à vivre leurs passions. Parmi le personnel de Police, nous comptons des collègues passionné·e·s de culture, d’arts et de sports, et même des collègues arbitres de football avec lesquels je suis amenée à travailler.
Mon mari m’a également beaucoup soutenu, il m’a toujours encouragée dans ce que je décidais d’entreprendre. Je l’ai rencontré en étant arbitre ; il était, pour sa part, arbitre assistant. D’ailleurs, lorsque j’ai décidé de débuter la formation pour devenir policière et rejoindre les corps de police, l’idée lui a paru naturelle, étant lui-même issu du système militaire, ce qui lui permet d’échanger avec moi sur les défis que ces deux métiers peuvent avoir.
Je ressens une immense fierté quand les gens, surtout les femmes, me reconnaissent dans la rue. Il y a quelques jours, en m’étant arrêtée au feu de signalisation, une femme s’est penchée vers moi et m’a dit à travers la vitre de la voiture : « Bravo, nous sommes fières de vous. Vous donnez un bon exemple à mes filles à tel point qu’elles veulent, elles aussi, devenir policières ». J’espère que cette image restera positive et que je pourrai toujours inspirer d’autres femmes à s’engager auprès de la Direction Générale de la Sûreté Nationale.
Si j’ai un conseil à donner aux femmes et aux filles : Choisissez un travail qui vous plaît. Les métiers qui ne sont propres qu’aux hommes n’existent pas. S’il y a un travail que les hommes arrivent à faire, alors les femmes peuvent le faire aussi. C’est vrai que nous pouvons être différents et différentes mais cela n’impacte pas la capacité des femmes d’exercer les métiers qui les intéressent. Et j’ajouterai que même lorsqu’elles rencontrent des difficultés en cours de route, elles ne devraient pas abandonner. Qu’elles poursuivent leur engagement et efforts jusqu’à ce que leurs rêves se concrétisent !