Discours de la Coordinatrice Résidente Nathalie Fustier à l'occasion des tables rondes sur la finance digitale et les ODD.
Allocution prononcée le 8 mai 2023 à Rabat.
Excellences,
Monsieur le Wali,
Mesdames les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Au nom de l’équipe pays des Nations Unies au Maroc, j’ai le plaisir de prendre part à l’ouverture de cet événement, qui est important pour plusieurs raisons.
La première est que l’inclusion financière est un levier essentiel de la lutte contre la pauvreté, de la résilience des sociétés et plus généralement un levier qui participe à l’accélération de l’atteinte de l’ensemble des Objectifs de Développement Durable.
Il y a tout juste trois ans, il y a déjà trois ans, en pleine crise sanitaire de la COVID-19, le Maroc a réussi à verser une aide directe à près de 5,5 millions de ménages pendant les mois de confinement. Cela grâce à un processus informatisé, développé et mis en oeuvre dans l’urgence de la crise.
Lorsque les vaccins ont été disponibles, le Maroc les a déployés avec une célérité et une capacité organisationnelle qui reflétaient, d’une part, des décennies d’expériences de campagnes vaccinales, mais qui devaient également beaucoup à sa maitrise des outils numériques et à sa capacité à innover, y compris dans l’urgence.
Aujourd’hui, alors que le Maroc est en train de généraliser la protection sociale à l’ensemble de sa population, la finance digitale et inclusive demeure l’un des piliers sur lesquels reposent cette réforme, et qui permettra d’inclure les plus vulnérables et les plus marginalisés d’entre nous.
L’innovation technologique appliquée aux services financiers permet aux politiques sociales de l’Etat de ne laisser personne pour compte, de favoriser l’autonomisation des femmes et de soutenir les ménages les plus vulnérables, mais elle favorise également l’accès au crédit et à l’assurance et à tant d’autres facteurs qui caractérisent la sortie de la pauvreté et de la vulnérabilité.
Cette première raison s’attache, comme vous le voyez, à la capacité d’une technologie, lorsqu’elle est mise au services de politiques publiques sociales, d’améliorer les conditions de vie de la population.
Mais pour cela, il y a des conditions.
Une fracture numérique existe, principalement entre le monde urbain et le monde rural, mais également selon l’âge et le genre. A l’heure où tant de services, y compris des services publics, sont digitalisés avec succès, qu’en est-il de nos ainés qui n’arrivent pas à y avoir accès ? S’agissant en particulier de l’accès des femmes aux services financiers, l’écart d’accès aux comptes financiers entre les hommes et les femmes est au Maroc à 23%, soit l’un des plus grand au monde.
Sans la sensibilisation, sans éducation financière et alphabétisation numérique, les meilleurs applications de la finance digitale ne pourront être inclusive.
Sans usagers informés, les meilleurs infrastructures resteront vides.
Nos partenaires, Bank Al Maghrib, le Ministère de l’Economie et des Finances et le Ministère délégué en charge de la transition numérique et de la réforme de l’administration en sont conscients, et je veux rendre hommage à leur travail et à leur engagement.
L’événement d’aujourd’hui est également important parce que la finance digitale est un moyen d’augmenter la productivité d’une économie, de réduire les inefficiences et de créer de la valeur.
C’est le moyen d’accompagner la transformation structurelle de l’économie marocaine, qui se tertiarise, et qui a besoin d’une population mieux connectée, et mieux formée à l’usage, y compris professionnel, du numérique.
Pour cela, il y a également des conditions.
L’étude qui sera discutée aujourd’hui, et qui est le résultat d’une collaboration entre Bank Al Maghrib, le PNUD et UNCDF, présente un état des lieux de l’écosystème de la finance digitale, et de ce qu’il faudrait encore faire pour tirer le meilleur profit de son potentiel.
Je pense notamment à l’existence d’un environnement réglementaire favorable, qui non seulement supervise le secteur pour en éviter les dérives, mais qui lui donnent également les incitations de nature à le faire prospérer.
Je pense également au développement des infrastructure publiques digitales, dont nous parlerons longuement aujourd’hui avec nos invités d’Inde et du Brésil, que je remercie d’avoir fait le long voyage.
Une dernière raison que je souhaite mettre en avant pour souligner l’importance de l’événement qui nous rassemble est qu’il intervient à un moment qui ne saurait être plus propice.
Le Système des Nations Unies au Maroc entame cette année un nouveau cycle de coopération de cinq ans avec le gouvernement marocain. En étroite collaboration avec le gouvernement, et après de nombreuses consultations avec la société civile, le secteur privé et toutes la variété de nos partenaires, nous avons défini les orientations stratégiques pour les cinq prochaines années.
L’innovation, la digitalisation au service du financement du développement font parties des thématiques transversales, qui s’appliqueront à la totalité de nos orientations stratégiques, que ce soit en termes d’appui à l’entreprenariat, d’inclusion financière ou encore de lutte contre les vulnérabilités. Ce sont également les axes transversaux du programme pays du PNUD, ainsi que le cœur du mandat du Fonds d’équipement des Nations Unies (UNCDF).
Enfin, il y a un mois et demi, la Reine Maxima des Pays Bas, en sa qualité de Mandataire spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la finance inclusive a effectué une visite au Maroc. Son rôle consiste à être l’avocate, auprès des pouvoirs publics, des régulateurs et du secteur privé, des investissements et des réformes en mesure d’approfondir l’inclusion financière. Nul doute que les recommandations formulées à la suite de sa visite apporteront une contribution précieuse à cette discussion.
Mesdames et Messieurs, sans plus tarder, je vous souhaite la réussite de vos travaux et vous réitère, au nom du Système des Nations Unies dans son ensemble, notre volonté entière d’accompagner le Maroc sur le chemin du progrès et de la prospérité partagée.