A l’occasion de la journée mondiale de la fille célébrée ce mardi 11 octobre sous le slogan « C’est notre temps. Mes droits, mon avenir » et dans le cadre du programme de coopération entre le Maroc et UNICEF, un processus de plaidoyer piloté par les jeunes filles elles-mêmes pour défendre leurs droits est lancé. Une feuille de route qui s’étend jusqu’à octobre 2023.
Cette mobilisation s’inscrit en réponse à l’appel à l’action lancé par l’UNICEF au niveau mondial appelant à faire de cette année une opportunité de mobilisation pour les droits de la jeune fille. Plus particulièrement, UNICEF appelle à permettre aux filles de prendre le leadership des changements, en écoutant leurs voix et en leur ouvrant les espaces de prise de décision, en investissant dans les ressources mises à leur disposition y compris à travers les réseaux agissant pour leurs droits et en renforçant, à tout moment et particulièrement en période de crise, les services qui leur sont destinés.
« Les filles sont de vraies actrices positives du changement. Dans ce processus s’étendant jusqu’à octobre 2023, UNICEF et ses partenaires ne seront que facilitateurs du processus. Ce seront les filles elles-mêmes qui prendront les rênes de leur plaidoyer pour leurs droits », explique Speciose Hakizimana, Représentante de UNICEF Maroc.
La dynamique de cette mobilisation a été déclenchée à travers des formations action en plaidoyer auxquelles ont pris part des jeunes filles âgées entre 10 et 19 ans de différentes régions du pays. Objectif commun déclaré par les filles « Unir nos voix pour promouvoir nos droits ». Après les travaux d’analyse de la situation, les participantes ont été unanimes pour identifier le droit à l’éducation des jeunes filles rurales et la promotion de la santé mentale des filles comme les deux priorités centrales de leur action durant les douze mois à venir. « A chaque fille qui habite la campagne je dis qu’il ne faut pas baisser les bras et ne jamais abandonner. Ce n’est pas parce qu’on est une fille rurale que notre droit à l’éducation peut être sacrifié», déclare toute confiante Khadija, jeune collégienne de 12 ans de la région de AL Haouz. Comme elle, Sanae jeune étudiante de Oued Laou explique en s’adressant à ses paires qu’il « ne faut pas négliger notre santé mentale. Elle est aussi importante que la santé physique. Malheureusement, les jeunes filles sont parfois soumises à des pressions qui mettent en danger leur santé mentale impactant ainsi leurs scolarité et leurs projets de vie. A travers notre mobilisation, nous souhaitons engager les acteurs concernés pour faire de la question de la santé mentale un axe de vigilance aussi bien en milieu scolaire que familial».
La mobilisation de cette année coïncide avec le 10ème anniversaire de la Journée mondiale de la fille. Durant cette décennie, une attention plus accrue a été accordée à la question du droit des filles et des progrès sont enregistrés dans plusieurs domaines. Près de 600 millions de jeunes filles sont concernées dans le monde. En même temps, de nouveaux défis ont émergés, conséquence de nouvelles situations comme la pandémie Covid19, l’accentuation des effets du changement climatique… avec des impacts sur les droits des enfants et ceux des filles en particulier notamment en matière d’accès à l’éducation, de protection contre les violences et de bienêtre social et psychologique.
Au Maroc, la situation suit plus ou moins la même tendance. Les efforts déployés par le Maroc pour tous les enfants vivant sur son sol sont remarquables et des progrès notables sont enregistrés d’année en année. Ces progrès peuvent être soutenus si les défis persistants en matière d’équité et d’égalité sont surmontés. Aujourd’hui, les statistiques montrent que 76 % des jeunes NEET (Ni en éducation, ni en formation, ni au travail)2 sont des filles. Le taux net d’inscription au tronc commun, 1ère année du lycée, est de seulement 11,2% chez les filles en milieu rural 1. En termes de protection et malgré les différents efforts engagés par le pays, les filles continuent à être exposées à plusieurs formes de violence. Les données montrent que 31,5% des femmes mariées, divorcées ou veuves ont été victimes de mariage précoce avant l’âge de 18 ans, 41% dans le milieu rural et 26,3% dans l’urbain […] 27,8% parmi les jeunes femmes âgées de moins de 35 ans et 26,9% parmi celles âgées de 35 à 59 ans. En 20204, 5306 violences contre des enfants ont été reportées au niveau des tribunaux. 65% d’entre elles ont été commises contre des filles. 44,4% de ces cas de violence sont d’ordre sexuel, soit six cas de violences sexuelles reportés chaque jour au Maroc.
Le Nouveau modèle de développement du Maroc, NMD, a bien montré le chemin de l’action pour surmonter ces défis et réaliser l’objectif identifié à savoir: « En 2035, le Maroc est démocratique où toutes et tous sont en pleine capacité de prendre en main leur devenir et de libérer leur potentiel, de vivre en dignité au sein d’une société ouverte, diverse, juste et équitable. C’est un pays créateur de valeur, qui fructifie ses potentialités de manière durable, partagée et responsable. Capitalisant sur ses progrès significatifs à l’échelle nationale, le Maroc s’érige en puissance régionale exemplaire, à l’avant-garde des grands défis qui interpellent le monde». L’UNICEF réaffirme son engagement auprès de ses partenaires nationaux pour agir et dépasser les défis actuels et libérer le potentiel de chaque fille en vue de créer un environnement favorable à la concrétisation des ambitions du NMD.
1 : Recueil des statiques du MEN (2019-2020)
2 : Etude sur les NEET au Maroc, ONDH et UNICEF, 2021
3 : HCP : L’enquête nationale sur la violence à l’encontre des femmes et des hommes 2019
4. Données 2020 de la Présidence du Ministère Public