Allocution de Mme Sylvia Lopez-Ekra, Coordonnatrice Résidente du SNUD au Maroc à l'occasion de la rencontre d'information coorganisée avec l'institution du Médiateur du Royaume du Maroc
Rabat, le 11 mars 2022.
Allocution de Mme Sylvia Lopez-Ekra
Coordonnatrice Résidente du SNUD au Maroc
Monsieur le Médiateur du Royaume,
Mes Chers collègues,
J’aimerais tout d’abord vous remercier Monsieur le Médiateur de nous accueillir aujourd’hui au sein de votre institution. Comme nous avions convenu lors de notre dernière rencontre, je reviens, accompagnée cette fois des représentantes et représentants des 25 agences, fonds et programmes qui constituent le Système des Nations Unies pour le Développement (SNUD) au Maroc, afin d’échanger ensemble autour du renforcement du partenariat stratégique entre nos deux institutions. Nous sommes tous ravis d’être là et avec votre permission j’aimerais proposer un tour de table pour nous présenter.
Monsieur le Médiateur, permettez-moi également de vous féliciter pour le travail remarquable réalisé au cours de votre mandat en tant que Président de l’Association des Ombudsmans et Médiateurs de la Francophonie (AOMF) qui s’est achevé en fin d’année dernière. Sous votre leadership de nombreux acquis ont été réalisés par l'association et ce, en dépit de la conjoncture inédite et défavorable marquée par la pandémie de COVID-19 et la crise socio-économique qu’elle a créé dans son sillage.
Dans ce contexte inédit, le rôle des Ombudsmans et des Médiateurs s’est révélé être plus que jamais critique et nous avons vu ces institutions, y compris celle que vous dirigez, se mobiliser de par le monde pour promouvoir le respect des droits des citoyens. L’analyse des mesures prises pour faire face à la pandémie de COVID-19 est d’ailleurs le thème que vous avez choisi comme thème prioritaire du rapport que nous nous réjouissons de découvrir dans quelques instants.
Monsieur le Médiateur, permettez-moi également de profiter de cette occasion pour saluer le leadership et la mobilisation du Royaume du Maroc qui a porté la résolution 75/186 relative au « rôle des institutions des ombudsmans et des médiateurs dans la promotion et la protection des droits humains, de la bonne gouvernance et de l’état de droit » adopté à l’unanimité par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2020 et qui renforce le rôle des institutions de Médiateurs, et leur place dans l’architecture des droits humains de nos Etats Membres.
Je souhaite être brève pour pouvoir donner la priorité à la présentation du rapport et à l’échange qui va suivre, au cours duquel mes collègues pourront vous exposer leurs perspectives respectives, mais j’aimerais relever deux points importants.
Le premier c’est le besoin urgent d’un nouveau contrat social dans nos sociétés.
A l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, en 2020, le besoin d’un multilatéralisme revigoré s’est fait sentir de façon pressante et en réponse, le Secrétaire Général des NU, M. Antonio Guterres a proposé un nouvel agenda commun au sein duquel la nécessité de renouveler le contrat social entre les gouvernements et leurs peuples est un élément fondamental.
Cette vision est aussi au cœur du Nouveau Modèle de développement, une vision qui fait de la gouvernance des services publics, un levier essentiel de développement et met le citoyen au centre, vous venez de nous le rappeler.
Et votre institution, M. le médiateur est indéniablement un pilier central pour l’avènement de cette nouvelle conception des services publiques qui garantit une sécurité administrative et la réalisation des droits de tous les citoyens basées sur les valeurs de transparence, de moralisation et de bonne gouvernance.
Et cela m’amène à mon deuxième point qui est celui de la convergence de votre mandat et de la promesse des ODD et de l’agenda 2030 de « Ne laisser personne pour compte ».
L’inclusion des populations les plus vulnérables ; socle de l’action de votre Institution, en leur permettant d’avoir une voix et d’accéder au système de justice ; fait écho à l’un des principes fondamentaux de l’Agenda 2030 de ne laisser personne pour compte.
Comme vous le savez Monsieur le Médiateur, le Système des Nations Unies travaille actuellement sur la formulation de son prochain cadre de coopération (2023-2028) avec le Royaume. Qui sera son cinquième cadre avec le Maroc.
Lors des travaux de formulation de ce cadre, nous avons identifiés les catégories les plus vulnérables : personnes pauvres et vulnérables à la pauvreté, femmes et filles vivant des discriminations intersectionnelles, vivant dans les zones rurales, enfants en situation difficile, NEET, personnes âgées vulnérables, personnes en situation de handicap, personnes vivant avec le VIH, migrant·e·s, réfugié·e·s et demandeurs d’asile. J’en profite pour saluer vos efforts pour travailler à la protection des citoyens marocains résidant à l’étranger ainsi que des personnes étrangères résidant au Maroc.
Nous savons que vous portez une attention toute particulière à ces catégories prioritaires également. D’ailleurs vos rapports sont une mine précieuse d’information sur les catégories de plaignants, leurs appartenances géographiques et leurs besoins.
Vous avez parlé d’intelligence institutionnelle, votre connaissance fine des principaux sujets de doléances exprimés par les citoyens et citoyennes et recueillis à travers toutes les régions du Royaume, grâce à votre forte présence sur le terrain et désagrégés par sexe, localisation géographique et autres variables, constitue des atouts majeurs sur lesquels nous nous réjouissons de pouvoir capitaliser pour renforcer notre assistance aux catégories les plus vulnérables pour lutter contre les inégalités.
M. le Médiateur, pour conclure, votre Institution se révèle être un partenaire clé pour le Système des Nations Unies et notre Equipe Pays, est donc particulièrement enthousiaste à renforcer le partenariat qui existe déjà entre nos deux institutions sur des thématiques telles que la facilitation de la réception des plaintes, la lutte contre la corruption ou la facilitation de l’accès pour les personnes souffrant de handicaps.
Suite à notre première rencontre nous avons entamé une réflexion préliminaire autour des possibilités de coopération conjointes et cet exercice nous a permis de dégager quelques pistes notamment en matière :
- De lutte contre les discriminations et les violences administratives ;
- De sensibilisation des populations cibles les plus vulnérables ;
- de facilitation de leur accès aux mécanismes de recours notamment par la plateforme digitale
- et De renforcement des capacités et formation,
- Un appui pourrait également être envisagé en matière de partage d’expériences dans le cadre de la coopération sud-sud, qui je le sait est très cher à votre cœur, comme en témoigne votre accueil de Monsieur le Médiateur du Niger pour une immersion au sein de votre institution.
Toutes ces propositions sont détaillées dans l’aide-mémoire que nous vous avons fait parvenir en amont de cette rencontre. Notre échange d’aujourd’hui permettra de détailler ces pistes et d’évaluer leur pertinence, dans l’optique de développer un partenariat que nous espérons toujours plus fructueux entre le SNUD et votre Institution. Je vous remercie.